Continuons la discussion de la question des bonnes pratiques en sciences en évoquant ici la question de l’interprétation des résultats.
Analysons : ayant identifié un phénomène, nous l’avons caractérisé quantitativement, puis nous avons réuni les données en équations synthétiques, ou "lois", et nous cherchons maintenant des mécanismes quantitativement compatibles avec ces lois.
Je ne crois pas que le problème ainsi posé suffise, mais c’est maintenant que l’histoire des sciences peut nous servir de guide. Comment Max Planck a-t-il imaginé les quanta ? Comment Albert Einstein est-il arrivé à la transformation de Lorentz ? Comment Michael Faraday a-t-il imaginé les lignes de champ magnétique ? Ce serait une immense présomption que de prétendre que l’on pourrait donner les règles qui conduisent à la découverte, et il est bon de se souvenir que l’on se limite ici à la recherche de bonnes pratiques.
La première est évidemment d’avoir une activité soutenue, car ce n’est pas en claquant des doigts que l’on fera des découvertes, et mon vieil ami Jean Jacques avait bien montré que la sérendipité était souvent le résultats d’une transpiration, d’un intérêt soutenu pour les études, les résultats. Quand Henri Poincaré découvre les fonctions fuchsiennes, ce n’est pas un hasard, et il dit lui-même qu’il y a pensé tout le temps, même en arrière plan de travaux plus terre à terre.
Activité soutenue, donc, mais cela est insuffisant, et il faut aussi, sans doute, considérer que nous devons avoir les outils nécessaires. Ces outils se nomment la culture, car il est probable que les scientifiques soient des personnes de métaphore, à savoir qu’ils transposent des idées d’un champ dans un autre. Les lignes de champ de Faraday, la discontinuité...
De ce fait, il apparaît souvent a posteriori que l’on puisse vulgariser des choses par les mêmes images générales que celles qui ont été utilisées pour la découverte. Les lignes de champ magnétique en sont un bon exemple, un exemple visuel, même, et l’on se souviendra que James Clark Maxwell, qui proposa les équations de l’électromagnétisme, a dit qu’il n’avait que transcrit mathématiquement les idées de Faraday.
Un problème, pour la communauté, est de croire à l’existence du génie, ce qui est un fantasme nuisible. Il vaudrait mieux, que, honnêtement, nos chercheurs reconnus acceptent de dire simplement, modestement, comment ils ont été portés à la découverte.
J’y reviens, j’appelle donc de mes vœux une banque vivante, sans cesse en constitution, d’idées utiles pour les jeunes chercheurs. Pour l’instant, j’ai publié 12 idées, mais j’attends les suivantes.