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Quelqu’un qui sait, c’est quelqu’un qui a appris. Cette déclaration provient d’un chimiste de l’Ecole polytechnique, Michel Fétizon, qui eut de nombreux élèves, et son idée me semble être quand même assez juste : comment saurions quelque chose si nous n’avons pas appris ?
Bien sûr, ceux qui ont lu le Théétète, de Platon, se souviennent que l’on peut interroger des individus pour en faire sortir des connaissances qu’ils auraient eu en eux, mais... c’est de la littérature, inventé, de la fiction, pas du vrai !
Et puis, cet exercice de recherche en soi-même, ce n’est pas l’opération du Saint Esprit : il faut beaucoup de travail, de temps, de soin, d’attention, de concentration, d’intelligence. C’est peut-être aussi cela, apprendre ; non ?
Que l’on ait le sentiment que l’on a déjà tout en nous ou qu’on pense plutôt qu’il faut l’y faire venir, la phrase de Michel Fétizon a sans doute l’intérêt de promouvoir le travail et de ne pas laisser croire que nos compétence s’acquierent d’un claquement de doigts. Il faut de l’étude, il faut y passer du temps, il y faut du soin, et je me suis toujours méfié de mes camarades de classe qui me disaient avoir des capacités supérieures, qui me disaient tout savoir sans travailler. Il n’est pas possible de savoir les choses sans les avoir apprises, sans y avoir pensé, sans y avoir passé du temps, et je déteste cette prétention snob de dire que l’on a des capacité si grandes que le savoir nous arrive spontanément. Cela n’est pas vrai, et je déteste au fond ceux qui sont dans la posture de le laisser croire.
Je propose de bien dire à nos étudiants et à nous-mêmes que c’est en passant du temps que l’on y arrive, qu’il n’y a pas de don, que l’intelligence est quelque chose qui se construit pas à pas, seconde à seconde, connaissance à connaissance.